La culture de la tomate est loin d’être facile, surtout en Belgique et dans le nord de la France. La tomate peut être sujette à de nombreuses maladies, mourir de froid, souffrir d’un excès d’humidité, se casser, manquer d’eau, etc.. etc… Mais ce fruit est tellement bon qu’il serait dommage de s’en priver.
Nous allons donc voir quelles sont les différentes méthodes de culture de cette plante tropicale largement appréciée chez nous. Et si on respecte certaines conditions, elle peut se cultiver dans tous les climats. On vous dit tout dans cet article.
La tomate : une solanacée aux multiples variétés
La tomate fait partie de la famille des solanacées, comme le poivron, l’aubergine et la pomme de terre. On évitera donc de cultiver la tomate proche des autres solanacées, car une même famille de plante est sujette aux mêmes maladies et aux mêmes ravageurs.
On aura donc plus de chance de réussir nos cultures si les plantes de la même famille ne se touchent pas. En cas de maladie sur un pied, la maladie ne transmettra pas au pied suivant.
Concernant le nombre de variétés de tomates, il en existe plus de 600 (des rondes, des allongées, des vertes, noires, blanches, jaunes, etc…) .
Les variétés les plus anciennes sont interdites à la commercialisation en grande surface et cette réglementation varie d’un pays à l’autre. Cette réglementation est faite pour favoriser la vente des graines produites par les grandes firmes semencières qui détiennent ainsi le monopole sur les semences de tomate. Cela explique la difficulté pour trouver d’autres variétés que la cœur de bœuf en jardinerie…
Il vous faudra donc commander à différents endroits afin de pouvoir vous essayer à des variétés moins connues. Pour cela, tournez-vous vers des collectionneurs de variétés de tomates anciennes ou vers des groupements de semenciers. On retrouve entre autre Kokopelli qui propose de nombreuses variétés de tomates difficiles à se procurer autrement.
Notre conseil concernant les variétés : cultivez dans un premier temps des variétés que vous savez adaptées à votre climat, de préférence en posant des questions à vos voisins ou, encore mieux, aux maraichers du coin.
Tomates à croissance déterminée ou indéterminée ?
La croissance d’un pied de tomate peut être déterminée ou indéterminée.
Le type déterminé possède une taille définie et une période de production plus ramassée. Au bout d’un moment, ce type de pied arrête naturellement sa croissance. On appelle cela le type buissonnant.
Ces plants sont plus précoces mais le rendement est plus faible.
Ce type de plant présente aussi l’avantage de pouvoir être conduit sans taille et tuteurage, grâce à l’aspect buissonnant et compact qu’il présente.
Le type indéterminé permet des récoltes prolongées et plus tardives, mais nécessite d’être taillé et tuteuré.
La plante produit continuellement une nouvelle pousse. On peut avoir de nombreuses générations de fleurs et donc de fruits et les plants peuvent atteindre plusieurs mètres de haut.
Acheter des plants ou semer ses propres tomates ?
Comme expliqué juste au-dessus, si vous voulez cultiver les variétés les plus savoureuses et les plus intéressantes, vous devrez semer vos tomates vous-mêmes. De plus, il est fréquent de se retrouver avec des plants de tomates achetés en jardinerie et qui sont déjà atteints d’une maladie sans que vous ne le sachiez. La plus courante de ces maladies transmises par les tomates vendues dans le commerce étant l’alternariose.
En faisant vos semis de tomates vous-même, vous éviterez donc d’importer une maladie chez vous au détriment de l’ensemble de vos cultures.
Il suffit d’un pied de tomate atteint par une maladie pour contaminer toute votre parcelle et perdre toutes votre culture de tomate.
Quand et comment faire ses semis de tomates ?
Tout dépend des infrastructures dont vous disposez chez vous lorsque vous repiquerez vos tomates. Avez-vous une serre ou comptez-vous repiquer vos pieds en extérieur ?
On sème les tomates 6 semaines avant de les repiquer. Au-delà de ça, vous aurez des problèmes avec les plants de tomate qui resteront trop longtemps en pots. Vous risquez de casser les tiges ou d’étouffer les pieds si les racines tournent dans le pot.
Si vous ne possédez pas de serre, ne semez pas avant fin mars.
Si vous possédez une serre, vous pouvez semer vos tomates fin février, début mars.
Pour le semis, vous pouvez semer une graine tous les 2 cm, en faisant un trou de 1cm de profondeur que vous recouvrirez d’un terreau très léger. Ne tassez pas la terre.
Pour la levée, maintenez la terre humide. Il faut savoir que la levée des graines des tomates est impossible sous les 10 degrés et au-dessus de 35 degrés. La température optimale pour la levée est de 20 à 25 degrés.
Pour cela, nous vous conseillons l’emploi de mini serre chauffante électrique. C’est certes une dépense énergétique, mais il vaut mieux garantir la levée des graines plutôt que de rater ses cultures…et cela consomme très très peu d’énergie (25w soit moins qu’une ampoule de faible puissance). Pour notre cas personnel, c’est le seul moyen de faire lever les graines correctement, car nous ne possédons pas chauffages sur lesquels poser les bacs à semis.
Si vous possédez un chauffage en fonte, vous pouvez poser votre bac à semis dessus pour le chauffer. N’oubliez pas de vérifier la température. Préférez néanmoins l’emploi de bacs fermés pour maintenir la chaleur.
La levée a lieu en 8 à 12 jours maximum. Après cela, considérez que votre semis est raté et recommencez en n’oubliant pas de changer les conditions du semis.
Lorsque vos plants ont 4 feuilles, vous pouvez les repiquer dans des pots individuels à racine nues. Pour cela, veillez simplement à ne pas écraser les poils à la base de la tige car ce seront les futures racines de votre tomate.
Repiquez dans une terre bien humide pour éviter que le pied ne meure en quelques heures par dessèchement .
Quand et comment repiquer vos tomates ?
La culture de la tomate est très sensible au froid. Sa croissance est fortement diminuée sous 10 degrés, les plants s’abiment sous 5 degrés et elle mourra si les températures nocturnes atteignent 0 degré.
C’est pour cette raison que l’on ne repique pas les tomates en extérieur avant le 15 mai, même dans le sud de la France.
N’oubliez pas le vent qui peut faire baisser la température de plusieurs degrés. Donc, à 3 degrés la nuit + du vent, vos pieds de tomate mourront de froid (le vent abaissera la température à zéro).
Repiquez en serre froide dès que les températures nocturnes atteignent 3 degrés. C’est à dire pas avant fin avril. Il faut savoir qu’une serre protège des vents froids et de la pluie mais ne protège pas du gel.
S’ il gèle à 0 degré la nuit, à l’extérieur de votre serre et à l’abri du vent, il gèlera à 0 degré dans la serre. A ce moment, on verra les feuilles noircir en quelques heures.
Pour repiquer vos tomates, faites un grand trou bien profond et n’hésitez pas à enterrer la tige sans toucher les poils et en enlevant les feuilles situées trop bas.
Repiquer les tomates avant le 15 mai ?
Si vous voulez repiquer vos tomates plus tôt dans la saison (début avril), il est possible de voiler vos plants que vous aurez repiqué DANS la serre.
Chaque protection supplémentaire en plus de la serre permet de gagner 2.5 à 3 degrés en plus la nuit.
Vous placerez donc vos plants sous 3 protections. Une serre tunnel et 2 voiles de forçage. De cette façon, même si la température extérieure est à 0 degré, il fera, sous vos 3 protections, 5 à 6 degrés, température minimale pour ne pas abimer les plants.
Une fois le 15 mai et les saints de glace passés, vous pouvez enlever les voiles de forçage sans souci et ouvrir votre serre, y compris la nuit.
Culture de la tomate : les maladies et les solutions biologiques
Concernant les maladies de la tomate, dites vous qu’il vaut mieux prévenir que guérir, un plant atteins par une maladie sera très difficilement récupérable.
La tomate est très sensible aux maladies cryptogamiques aussi appelées maladies fongiques (causées par les champignons). Dans ce registre, le mildiou et l’alternariose sont les plus redoutées. Elles rendent les fruits inconsommables. Une fois le pied atteint, on ne peut que retarder la contamination totale du plant et des plants voisins en coupant les parties contaminées par le champignon.
Maintenir le niveau d’humidité au plus bas contre le mildiou …
Pour la culture de la tomate, l’hygrométrie doit être maintenue à 70-80 %. Au-delà, les risques de maladies comme le mildiou augmentent sensiblement.
Pour ce faire, aérer votre serre un maximum, l’hygrométrie ayant tendance à augmenter la nuit. Le soleil permet d’assécher l’air autour des tomates.
Si vous cultivez en extérieur, il est préférable de tailler vos tomates si vous les cultivez dans des zones humides comme le nord de la France ou la Belgique. Sans taille, l’humidité aura tendance à s’accumuler sur le pied en raison des zones d’ombre qui empêchent le soleil de sécher le plant et vous risquez fortement de voir apparaitre le mildiou.
Pour éviter une contamination de la tomate par un champignon comme le mildiou, on évitera que les feuilles ne touchent le sol en coupant les feuilles les plus basses et en aidant la tomate d’un tuteur ou, en la suspendant à l’aide d’un fil.
Vous pouvez également cultiver la tomate en cage, ce qui permet de supporter le poids des fruits sans tailler trop fortement les pieds… Pour cela, installez un support grillagé autour du pied en coupant des trous dans le grillage afin de récolter les fruits.
Toutes ces techniques s’appliquent également à la culture en serre.
Arroser peu mais régulièrement contre le cul noir et l’éclatement des fruits
La nécrose apicale ou cul noir de la tomate est une maladie qui apparait lorsque la tomate rencontre un stress hydrique. Cela se produit lorsque l’apport en eau n’est pas assez régulier ou insuffisant.
Cela provient d’un manque d’assimilation en calcium par les feuilles au détriment des fruits. Une solution absolument inutile employée par les jardiniers est d’arroser la tomate avec du lait. Il suffit d’arroser avec de l’eau régulièrement, l’eau contenant largement assez de calcium pour que la tomate règle d’elle-même son problème…
Pour arroser vos tomates, le meilleur système est l’irrigation par tuyaux microporeux ou par goutte à goutte.
Vous pouvez également employer des oyas afin de diffuser lentement l’eau près des pieds de tomate, mais ce système a l’inconvénient de prendre pas mal de place et vous empêche donc de densifier vos cultures.
Tailler avec justesse pour éviter les taches blanches
Saviez-vous que vos tomates peuvent cuire sur pied ? Tout comme vous, la tomate peut attraper un coup de soleil.
Pour éviter cela, il faut éviter de TROP tailler ses pieds de tomate. Sans feuillage pour protéger les fruits, vous risquez de les bruler.
Cependant, comme écrit plus haut, si vous ne taillez pas du tout vos plants, vous risquez d’attraper d’autres maladies. Il vaut donc mieux faire un juste milieu et tailler raisonnablement afin d’obtenir le meilleur des deux mondes.
N’oubliez pas d’ouvrir la serre constamment dès la fin mai. Une serre fermée en plein soleil du mois de juin peut littéralement cuire vos pieds de tomates sur place à cause de l’effet de la serre et de l’accumulation de la chaleur.
La culture associée contre les nématodes
Les nématodes sont des petits vers parasites qui mangent les racines des tomates, ce qui entraine le dessèchement du pied et la mort du plant.
Heureusement, il existe un moyen naturel de lutter contre les nématodes en employant des plantes nématicides.
La tagette ou l’œillet d’Inde est la plus connue d’entre elle.
Cultivez vos tomates avec des œillets d’Inde afin d’éviter les problèmes. Un ratio de 2 œillets pour 6 plants de tomate semble donner d’excellents résultats en terre infestée… Pour encore plus d’efficacité en fin de saison et en vue de prévenir l’année future, paillez votre sol avec les restes d’œillets, sans les graines évidement.
En dernier recours : la bouillie bordelaise
Malgré toute les techniques décrites plus haut, il semble malheureusement impossible de garantir une production décente SANS bouillie bordelaise dans un climat tel que le nord de la France ou la Belgique.
Par production décente, nous entendons une production de tomates correcte relativement à l’espace occupé au jardin. Il est possible de produire des tomates sans taille ni traitement MAIS au prix d’un rendement très faible au mètre carré, et ce n’est clairement pas ce qui est recherché dans un jardin équilibré biologiquement parlant.
Nous affirmons ce dernier point au vu de la lecture de nombreux rapports et expériences réalisées en fermes biologiques et permaculturelles ( dont la ferme du bec Helloin) ainsi que via l’ institut d’agronomie de Gembloux.
Attention cependant, si vous n’aérez pas votre serre et que vous n’arrosez et ne taillez pas correctement, la bouillie bordelaise sera INUTILE.
Cependant, pas besoin de pulvériser 10 fois vos pieds : une à deux fois suffisent amplement, et cela dès que les pieds commencent à produire des fleurs.
Pour réduire encore l’usage de la bouillie et donc son impact sur les sols, il serait possible de n’appliquer la bouillie que sur les zones taillées à l’aide d’un pinceau, ce dernier point reste cependant à vérifier de façon fiable et scientifiquement validée.
Dans leur livre « Vivre avec la terre », Perrine et Charles Hervé Gruyer de la Ferme du Bec Hellouin expliquent qu’ils n’observent pas de déséquilibre de la concentration de cuivre dans leur sol malgré l’utilisation raisonnée de bouillie bordelaise. Malgré la nécessité qu’il y aurait à investiguer davantage ce phénomène, ils supposent actuellement que leur système de culture bio-intensive avec associations de culture résout le problème. La biomasse cultivée par mètre carré est tellement intense que tout le cuivre serait absorbé par les différentes cultures sur une saison. Affaire à suivre …
Faut-il tailler les pieds de tomate ?
La réponse est : ça dépend.
Si ce sont des variétés à croissance déterminée ou buissonnante, pas forcément.
Si ce sont des variétés à croissance indéterminée, il est indispensable de tailler CAR les pieds peuvent se casser (même avec suspension), se chevaucher, et rendre ainsi les récoltes impossibles voire favoriser l’apparition des maladies.
Nous avons ainsi pu tester la culture de la tomate sans taille durant plusieurs années, et la différence avec la culture taillée est sans appel, sans compter la facilité de récolte … sans tailler, le plus gros risque est de casser vos pieds à cause du poids des fruits. Les premières années, nous avions ainsi des pieds de + de 2m50 de hauteur par 1 mètre de large, moyennement productif et surtout, ingérable en fin de saison dans une petite serre. Cela ne s’applique bien entendu que si vous disposez d’un bon sol suffisamment riche pour nourrir vos plants.
Sans taille, nos pieds tombaient systématiquement malades au bout d’un certain temps et les rendements par pied étaient bien moins important.
Notre objectif dans notre jardin permacole étant de réduire l’espace cultivé au minimum afin de laisser un maximum de place au sauvage dans le reste du jardin, c’est donc un non sens pour nous de ne pas tailler nos pieds sous prétexte de respecter la forme naturelle des plantes. Puisque de toute façon la tomate que nous cultivons est une création de l’homme et ses variétés n’existent pas à l’état naturel…
6 replies to "Culture de la tomate dans le nord : tout savoir"
de tres belles explications sur le culture de la tomate,il me semble cependant que plus de 2300 varietes soient repertoriees dans le monde.enfin bravo c’est super d’inciter les gens vers la culture des jardins,je pratique pas la permaculture au sens strict design mais mon sol est toujours couvert ,minimum10 a 15 cms paille,brf,tontes ,feuilles dechets de cuisine,enfin tout ce qui peut etre digere pour nourrir mon sol
Merci uor ton message Raymond.
Concernant le nbre de variétés, nous ne nous sommes référencés qu’au catalogue plus officiel.
Concernant ta pratique de la perma, c’est déjà super cool de pailler son sol, le design n’est qu’une partie de la perma.
Ceci dis, une design bien fait permet quand même de parvenir à des résultats difficilement reproductibles sans passer par cette étape. Pour nous cela à tout changer.
Concernant le nourrissage de ton sol, veille à bien équilibrer l’azote et le carbone, sur le long terme, cela fait une forte différence. Et pour le brf, ne l’emploie que pour les plantes pérennes et arbres/arbrisseaux et pas dans ton potager… tu risques sinon d’avoir des blagues…
Au plaisir de te lire dans une prochaine publication
Super article. On pourrait discuter longuement de la façon de faire pousser les tomates, même dans le nord de la France. A Haverskerque, il y a la fête de la tomate et on peut y rencontrer des passionnés et du coup trouver le moyen d’obtenir des graines de tomates rares à la saveur insoupçonnée. Espérons que l’on pourra de nouveau se réunir pour ces manifestations « culturelles » 😉
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