Même si vous respectez la nature à 100%, que vous souhaitez cultiver le plus naturellement possible et en respectant les principes de permaculture jusqu’au bout des ongles, il y aura toujours un moment où vous devrez désherber une parcelle afin d’y installer vos futures plantations. Tout simplement car certaines plantes indésirables empêcheront vos cultures de pousser en poussant plus vite que vos bébés légumes.
Mais comment faire pour y arriver sans trop se fatiguer et en restant efficace ?
Comment gérer les « mauvaises herbes » (notez les guillemets, c’est important) envahissantes ? Bref, comment gérer certaines plantes indésirables ?
C’est à ces questions que nous allons essayer de répondre dans cet article sur le fait de désherber naturellement son potager.
C’est quoi une mauvaise herbe ? Faut-il TOUT enlever ?
Dans les faits, aucune plante n’est une mauvaise herbe. Si elles existent, c’est qu’elles remplissent une fonction écologique sur cette planète.
Faut-il toutes les laisser ? La réponse est non 🙂
Faut-il toutes les enlever ? La réponse est : ça dépend !
Les plantes ne deviennent « mauvaises » que quand leur présence devient un problème pour l’homme et ses précieuses cultures, dont nous avons tous besoin pour survivre et nous nourrir… Un simple exemple : la pomme de terre si elle n’est pas désherbée ne produira qu’un faible volume de tubercules car elle ne recevra pas assez de lumière afin de se développer. Il est donc nécessaire de favoriser la lumière pour les plants de pomme au détriment des plantes dites « mauvaises », cela afin d’assurer un volume d’alimentation viable.
Cependant, de nombreuses plantes peuvent également nous servir à nous nourrir.
Prenons l’exemple du lamier comme « mauvaise herbe » :
Pour ceux qui ne la connaissent pas, c’est une plante qui pousse couramment dans les potagers naturels.
Pourtant, le lamier remplit de nombreuses fonctions :
Il se mange, peut produire du compost assez facilement, couvre le sol, est mellifère… bref, pourquoi l’enlever s’il ne gêne pas d’autres légumes et d’autres plantes ?
Par exemple, si vous laissez le lamier envahir vos poireaux, vous n’aurez plus besoin de les butter pour les blanchir, le lamier remplira cette fonction pour VOUS.
Parmi les plantes sauvages comestibles courantes dans un potager, on trouve le lamier, l’ortie, le mouron blanc, le chardon, le pissenlit, la consoude.
Certaines plantes sont néanmoins plus embêtantes que d’autres, bien qu’elles cachent toujours un avantage dû à leur présence.
On retrouve notamment le chiendent et le liseron, tous deux non comestibles et très envahissants.
Pourquoi ai-je des mauvaises herbes dans mon jardin ?
La nature fonctionne selon un grand principe universellement observé sur cette planète et qui se nomme : la succession écologique. Si vous laissez la terre à nue et que vous ne plantez rien, au bout de 20 ans, vous aurez une forêt chez vous !
Une plante pousse dans un milieu qui lui est propice :
Ce qui explique, par exemple, la présence de l’oseille dans les champs car ce milieu est saturé en engrais de synthèse et pauvre en nutriments et en minéraux ainsi qu’en matière organique.
À l’inverse, un terrain riche en matière organique naturelle verra se développer le mouron blanc. Sur un terrain tassé et piétiné, le pissenlit. Sur un terrain très humide, la consoude… etc…
On peut donc délibérément influencer ce qui poussera naturellement chez nous en améliorant la structure du sol, la richesse en matière organique et en minéraux. Pour cela, on emploiera le compost ET le paillage de surface ou le mulching de végétaux frais.
D’où la nécessité de comprendre dans quel contexte il faut désherber, mais surtout : comment le faire, et avec quel outil ?
Quel outil pour désherber son potager SANS multiplier les adventices ?
Nous l’avons plus haut, pour désherber efficacement, il faut que votre sol soit de qualité, c’est-à-dire suffisamment meuble pour pouvoir enlever les racines et les rhizomes.
Si vous désherbez dans un sol dur et compact, vous ne pourrez pas enlever les racines et votre travail sera quasiment inutile.
Pour rendre votre sol plus meuble, utilisez le paillage de surface.
N’employez JAMAIS la bêche ou le motoculteur pour désherber.
En coupant les racines du chiendent ou du liseron avec les lames de la bêche ou du motoculteur, vous MULTIPLIEZ la présence de ces plantes dans votre terrain. Chaque morceau de racine fournira un nouveau plant. Au motoculteur, on obtient une croissance du nombre de nouveaux plants de chiendent et de liseron qui est exponentielle. On augmente le problème au lieu de le résoudre.
On voit donc bien ici que contrairement à l’idée reçue, ces deux outils vous demanderont un travail de plus en plus conséquent, et de plus en plus fréquent pour limiter la pousse des adventices. Nous sommes proches du mythe de Sisyphe et de son rocher.
Les outils à BANNIR DE VOS JARDINS
Le désherbage par emploi du sel est une solution efficace MAIS hautement polluante pour vos sols et de plus, rémanent sur de longues périodes. Une fois un sol salé, plus rien n’y poussera pendant 6 mois. C’est d’ailleurs en salant les champs des paysans au Moyen Âge que les seigneurs affamaient parfois toute une région en temps de guerre.
Nos outils préférés pour désherber
Nous employons la grelinette et le 4 dents.
J’ai une nette préférence pour le 4 dents car il permet d’extraire les longues racines de liseron du sol SANS LES CASSER tout en affinant la terre. Nous employons la grelinette pour travailler un sol déjà bien propre ou pour aérer un sol sans le retourner avant un repiquage.
Le 4 dents est également très pratique pour retirer le paillage avant un semis de pleine terre.
Nos 3 techniques de limitation des mauvaises herbes au potager
La succession écologique des plantes nous apprend une chose : une plante ne poussera que si elle a de la place pour pousser.
Autrement dit, plus vos plantations seront denses, moins vous aurez de mauvaises herbes. Attention au type de culture cependant, car une carotte plantée très serrée ne produira rien du tout car sa racine ne disposera pas de l’espace nécessaire pour grossir dans de bonnes conditions.
Par contre, de la roquette, du chou chinois, des épinards ou du cresson densément semés fourniront une couverture 100% comestible qui rendra la présence d’adventice beaucoup moins embêtantes.
Employez les techniques d’association et de densification des cultures pour limiter les adventices
Semez des carottes en alternance avec des radis.
Les radis limiteront la pousse des adventices le temps que le feuillage des carottes ne couvre le sol et empêche les autres adventices de pousser. Pour cela, employez un semoir de précision afin de planter les graines à une distance adaptée.
Repiquez des aromatiques comme le basilic ou la coriandre au pied de vos tomates pour boucher les trous.
Repiquez vos salades en quinconce et pas en lignes rectilignes en suivant le schéma des alvéoles d’une ruche. De cette façon, vous remplirez l’espace au sol au maximum et limiterez la pousse des adventices.
Si vous semez en lignes droites, les rangs laissés vides permettront aux adventices de pousser.
Utilisez des planches de bois pour limiter les adventices en provenance de vos allées de passage
Grâce à des bordures en bois, vous empêcherez les plantes indésirables de coloniser vos bandes de cultures. De plus, si vous désherbez vos allées, vous garderez vos cultures intactes sans les abîmer.
Désherbez souvent là où c’est nécessaire
Si vous laissez les adventices pousser, ne serait-ce que quelques jours de trop, vous en aurez 100 de plus dans les jours qui viendront. Un dicton de maraîcher dit que si une mauvaise herbe fait des graines 1 fois, c’est 7 ans de mauvaises herbes au même endroit !
On considère que dans les zones de cultures fragiles, il faut désherber toutes les 3 semaines au minimum pour éviter une augmentation de la charge de travail.
En combinant ces 3 techniques : densification, bordures et désherbage régulier (mais du coup moins chronophage), la charge de travail s’en trouvera fortement réduite. Elle ne sera cependant jamais inexistante. Cultiver des légumes, c’est s’engager sur du long terme afin de garantir ses récoltes.
Il vous faudra toujours désherber les cultures les plus fragiles.
Les solutions alternatives naturelles MAIS extrêmes
Si vous êtes vraiment envahi par une plante très gênante dont vous ne voulez pas au jardin (par exemple, l’ortie en bordure de clôture, difficile à enlever et fort gênante pour les mains), vous pouvez planter d’autres plantes sauvages comme la tanaisie pour que celle-ci prenne le dessus sur la plante que vous désireriez limiter.
La tanaisie possède une particularité : elle fait de la télétoxie. C’est-à-dire qu’elle produit une toxine dans ses racines qui limite la pousse des autres plantes autour d’elle.
ATTENTION cependant : la tanaisie est elle-même très envahissante et une fois installée, elle est très difficile à enlever. À employer dans des cas extrêmes donc ou dans des zones isolées de votre jardin.
Les cultures qui supportent plus facilement les mauvaises herbes
Dans une moindre mesure, certaines cultures tolèrent la présence d’adventices. On citera les courges et courgettes, les haricots, les ails et les grands arbres fruitiers.
Les choux une fois adultes supportent également la présence des adventices. Au stade de plantule par contre, ils nécessiteront un désherbage ou une culture associée comme la culture de salades entre les plants de choux.
Dites-nous dans les commentaires si cet article vous a aidé.
1 Response to "Désherber naturellement son potager : comment faire ?"
[…] Cette pratique, essentielle en permaculture, vise à protéger le sol de l’érosion, conserver l’humidité, et empêcher la croissance des adventices. Si vous voulez en savoir plus sur le desherbage facile, cliquez ici pour lire notre article […]